🕑04 septembre 2020
Dans notre nouvelle société, et Adrexo n'échappe pas à la règle, loin s'en faut, on ne sait plus
parler un français audible, à tel point qu'un anglophone y perdrait son latin.
Consignes de la semaine (imaginaires) :
- Préparation des poignées : encarter le flyer "Télé Secours" dans le link et mettre le teasing
Adrexo sur le dessus. Pas de picking, ce document vous sera apporté. Respecter stop-pub.
Merci d'appliquer rigoureusement ce process.
- Les acomptes vous seront versés avec un peu de retard, le transfert des données entre Indiana
et Saphir ayant échoué. Excel n'est pas concerné.
Ce patois de communication, truffé de mots d'anglais pour faire bien, n'a plus aucun sens.
Le "globish", cet anglais simplifié, devient le jargon des décideurs et une arme massive de
destruction du langage au point de se substituer parfois carrément à la langue française.
Parmi les absurdités :
- DRESS CODE :
La façon de s'habiller dans les entreprises : chaussures de sécurité, gilet fluo, veste cravate ou
bleu de travail, bleu de chauffe pour les distributeurs, et le dernier né: le masque.
- OPEN SPACES :
La multiplication des "open spaces", ces zones que notre Roc appelle "espace bien-être", censées améliorer le sort des salariés avec deux chaises et une plante verte ou jaune et sans oublier une apologie illustrée du Groupe Hopps.
Le vrai bien-être ne serait-il pas que l'on en finisse avec ces écrêtages intempestifs inexplicables
et ces invalidations malvenues et toutes ces remarques désobligeantes sur des tournées effectuées
à l'arrache avec des moyens performants inexistants ?
- FLEX OFFICE :
On en est même venu à imaginer le "flex office", c'est à dire l'absence de bureau fixe, chacun fluctuant selon les circonstances. Le bureau personnel devient le privilège des petits chefs.
- CHIEF HAPPINESS OFFICER :
La dérive techno devient tellement désastreuse qu'on a inventé une nouvelle profession :
celle de "chief happiness officer". Ces "chefs du bonheur" ont pour mission de réinventer la façon de travailler et de remettre l'humain au centre des préoccupations.
Nous avons en exemple cette adjointe Roc, qui n'a jamais distribué de sa vie, qui parcourt 150kms pour venir dans un centre, avec la bénédiction de son supérieur, pour expliquer sur plan, à des
distributeurs chevronnés, comment organiser le circuit sur le secteur afin d'économiser temps et
kilomètres...et qui se voit répondre :"là, il y a un sens interdit, et là interdiction de stationner, et là
voie sans issue, et là rue piétonne, et là portes ouvertes uniquement le matin de 7 à 12h et là…"
Naturellement, pas question de demander à ces personnes de bons conseils de venir sur le terrain en
démonstration de leur théorie ; ce serait insultant et considéré comme faute professionnelle grave.
Ne nous méprenons pas, le but de cette basse manœuvre consiste tout simplement à couper l'herbe sous les pieds de ces mécréants qui osent réclamer des kilomètres intra-ug ou prétendre ne pas pouvoir effectuer l'intégralité de leur distribution avant arrêt temps max.
Car la version officielle se précise, et certains salariés ont déjà reçu des courriers dans ce sens :
le temps de distribution doit se rapprocher le plus possible du temps théorique qui est la norme.
Nous, patrons, avons la preuve sur plan que c'est faisable .
Peu importe que cette preuve soit aussi fantaisiste que le temps théorique et à sens unique, celui des intérêts patronaux.
Bref, le feuilleton apparaît plus bêta que jamais et nous ne sommes pas certains qu'il soit vraiment
terminé. Les mauvaises politiques sont résilientes comme on dit maintenant.
La suite nous tombera sans doute sur la tête un jour ou l'autre, car hélas, la bêtise managériale n'est pas seulement résiliente, elle a la peau dure !