🕑27 OCTOBRE 2020
CHAPITRE I : TEMPS MAX
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Le temps max bloquant la continuation d'une distribution inachevée permet à l'employeur
d'en maîtriser le coût, mais va à l'encontre de la qualité du travail tant prônée par cette même
direction. La logique de nos patrons est aussi tortueuse que les 21 lacets du Mont Ventoux.
1 – Comment fonctionne le temps max ?
Le principe : une analyse des traces et des temps badgés par les distributeurs a été réalisée de
décembre 2018 à avril 2019, sur 17 semaines donc.
Nous relevons 3 cas de figure :
a) : pour chaque secteur disposant de suffisamment de données, il a été possible d'identifier
la trace présentant la meilleure performance (meilleur temps badgé) sur la période en question
tout en garantissant un bon niveau de couverture sur le secteur > 85 %.
Ce temps maximum correspond donc au temps minimum réalisé sur une tournée.
Nous n'allions tout de même pas imaginer que serait retenu le vrai temps maximum.
En cas de désaccord, ce qui ne serait pas pour surprendre, il est possible, via la fichier excel,
de savoir qui a réalisé cet exploit, quand et dans quelles conditions.
b) : pour les secteurs avec peu ou pas de données, le temps max correspond au temps théorique
augmenté de la moyenne des temps max enregistrés sur le centre, en moyenne entre 15 et 25 %.
Si les temps théoriques sont farfelus, cas courants, les temps max le seront d'autant plus.
c) : pour les secteurs validés dont le temps repère a été vérifié, le temps max correspond au
temps théorique + 5 %, dans le respect de l'article 4.3a de l'accord du 4 juillet 2016.
Ouf ! Enfin un article de respecté !
2 – Temps max: suspicion de retour à la préquantification du temps ?
Du fait de la mention d'un temps théorique sur la feuille de route et sur la badgeuse, cette préquantification du temps de distribution n'a jamais disparu, et d'ailleurs elle n'est pas illégale
si elle est accompagnée d'une mesure d'enregistrement du temps réel de travail PAYÉ.
Ce qui est le cas avec la pointeuse mobile appelée badgeuse, dans la stricte application de la décision prononcée par le Conseil d'État en 2012, saisi par FORCE OUVRIÈRE en 2008.
D'autant plus que le distributeur peut choisir entre "déclaratif "(temps repère) et "temps badgé".
Par contre, les obstacles au paiement intégral du temps badgé, tels qu'écrêtages et autres invalidations, relèvent d'une décision patronale unilatérale parfaitement illégale.
3 – Temps max atteint : STOP !
Le temps max atteint, il est demandé au salarié d'arrêter la distribution.
"Dans cette hypothèse, l'employeur exerce son pouvoir de direction et le salarié est tenu de se conformer à cette décision".(Blandine Aceto, Inspection du Travail, Aix).
Nous n'avons donc pas à remettre en question cette décision patronale qui n'est pas de notre ressort.
Les clients paient pour une distribution partielle, mais naturellement en ont été informés et ont
accordé leur satisfécit ; comment en serait-il autrement ?
Par contre, il n'est pas question de répondre à l'invitation de la badgeuse de joindre un responsable
dans le cadre d'une distribution non terminée dès le temps max atteint .
Le salarié, et la direction le confirme, n'a aucune obligation de se servir de son téléphone personnel dans le cadre de son travail, et d'ailleurs, une absurdité de plus, comment joindre un manager en dehors des heures de bureau ? Ce n'est nullement un reproche, chacun sa vie .
Donc, bip ! Temps max atteint, le distributeur laisse ses états d'âme et sa conscience professionnelle
au vestiaire et ramène les restes aux bacs retours, avides de papier frais, qui lui tendent les bras.
Tout sera recyclé, écologiquement bien traité, et reviendra dans quelques mois sous forme d'imprimés publicitaires tout neufs qui, temps max atteint…
Mais peut-on tout ramener ainsi impunément ?
NON ! Ça ne fait pas un pli et vous le découvrirez au chapitre 2 de notre trilogie : "TEMPS MAX ET COURRIER".