TEMPS MAX : LA DOUBLE PEINE !!
Ce distributeur raconte :
"Dans mon dépôt, comme dans beaucoup d'autres, nous manquons cruellement de distributeurs.
Un tiers de l'effectif a démissionné, un tiers est en congés, un tiers est en arrêt maladie ou en absence injustifiée, donc, faites les comptes.
Le manager me supplie de faire un remplacement supplémentaire, j'en serai donc à 38h pour un contrat de 24h, mais il faut mobiliser toutes les forces actives pour sauver...qui, en fait ?
Argument fatal : "vous allez voir, c'est un secteur facile, le cadre est magnifique, ça vaut le détour".
Effectivement, c'est voyage en terre inconnue, le genre de secteur pittoresque où ce sont les bouses de vache et les crottins de chèvre qui vous indiquent le trajet. Chemins, impasses se croisent sans nom, les lieu-dits se succèdent avec des habitations sans n° et j'ai en plus du courrier impératif SFR et Canal Plus...et il pleut...non, heureusement, il fait beau !
Venons à l'essentiel. Temps repère : 4h, temps max (+20%) : 4h48'.
Après 4h, bip, temps repére atteint. Je suis mal !
Après 4h48, rebip, temps max atteint, fin de la tournée. Je suis très mal, j'ai dû faire la moitié de la zone.
Fin de semaine, récapitulatif de distribution, l'horreur : temps badgé 4h48, temps retenu 4h.
"Invalidation temps badgé au motif couverture secteur insuffisante", donc paiement temps repère.
Voilà comment, pour rendre service, je me suis pris la tête toute la matinée, pour en plus me faire voler, car il s'agit bien de vol, 48 minutes. C'est la double peine !
Les régularisations des écrêtages sont du ressort du ROC, (programme Indiana), et en général ne posent pas problème, par contre les régules des invalidations sont soumises au bon vouloir du directeur régional (programme Excel).
Ce pur scandale, le mot est adapté, s'ajoute à tant d'autres .
Ecrêtages et invalidations se succèdent à un rythme effréné. La direction avait annoncé 500.000€ de régul pour 2020, admettons, mais combien de refusées ou de non réclamées. C'est comme pour les cas Covid, il y a ceux que l'on teste et les autres, bien plus nombreux.
Et pourtant, la Cour de Cassation, dans un arrêt récent du 18.05.2017 n°15.23.645, stipule que "le fait pour un employeur qui connaissait les heures de travail effectuées par le salarié puisqu'il disposait des relevés de badgeage, et qui avait mentionné sur le bulletin de paie un nombre d'heures de travail inférieur à celui réellement exécuté, caractérisait l'élément intentionnel de travail dissimulé". Voilà qui est clair, net, précis et sans ambiguïté possible.
La direction n'en a cure. Pourquoi se priverait-elle de tels agissements tant qu'ils restent impunis ?
Cependant, réclamez et conservez bien vos états récapitulatifs hebdomadaires de distribution.
Le vent peut rapidement tourner car la loi et la jurisprudence jouent pour nous.
Notre sacrifice n'aura pas été vain et ce sera la double peine inversée !